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De la frontera | José Luis Soto

Le GARR salue les efforts de la Chancellerie haïtienne pour rétablir de bons rapports avec la RD. Il est toutefois, indigné de constater que le respect des droits des migrants-es haïtiens n’a pas été pris en compte dans les échanges diplomatiques réalisés à Antigua au Guatemala, en marge du Sommet des Chefs d'Etat du SICA, qui se tournaient plutôt autour de la sécurité et de l’ouverture des ambassade et consulats de la RD en Haïti.

 La prochaine rencontre prévue ce vendredi 13 mars 2015 à Jimani s’oriente  dans le même sens,  impliquant la présence de la MINUSTAH pour montrer toujours la nécessité d’établir des dispositifs de sécurité qui visent à  protéger la présence dominicaine dans le pays. En affiliant la force onusienne à cette démarche, le Gouvernement haïtien  montre son engagement à respecter les directives de l’Etat voisin.  Qu’est-ce que le Chancelier haïtien a-t-il exigé des autorités dominicaines ? Quelles promesses et garanties a-t-on obtenu quant au respect des droits de nos migrants-es en République Dominicaine ? 

Tout en condamnant l’incident qui a eu lieu au consulat dominicain, le GARR rappelle qu’il a été une réaction face à plusieurs actes criminels perpétrés à l’encontre des ressortissants-es haïtiens vivant sur le territoire dominicain : des campagnes anti-haïtiennes accompagnées des menaces de toutes sortes, l’incendie de notre bicolore, des traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à nombreux migrants, l’assassinat et la pendaison, etc. L’organisation de promotion et de défense  des droits des migrants-es  juge inconcevable d’écarter de tels faits dans les échanges et de ne rien exiger au gouvernement dominicain quant à la protection de la vie et au respect des droits des migrants-es haïtiens-nes qui sont l’objet depuis des années de graves violences criminelles en République Dominicaine. 

Par ailleurs, le GARR regrette que la question des rapatriements massifs réalisés dans des conditions critiques ne soit également pas priorisée dans les derniers échanges entre les officiels haïtien et dominicain. Or, ces derniers savent très bien que les mécanismes de rapatriements établis par le Protocole d’accord signé par les deux pays partageant l’île en décembre 1999, sont constamment violés par les autorités dominicaines. 

Ces dernières semaines, les conditions des rapatriements  sont vivement inquiétantes. Les  ressortissants-es haïtiens dont des femmes enceintes et des enfants sont enfermés-es pendant des jours sans nourriture avant d’être rapatriés-es à la frontière de Belladère/Ellias Piña. Le 12 mars 2015, le GARR a reçu un ressortissant haïtien rapatrié avec de graves blessures au crâne. Selon ses déclarations, il a été malmené par des militaires dominicains qui lui ont frappé à la tête avec une crosse de fusil. 

Face à tout cela, le GARR continue de mettre en garde le gouvernement haïtien contre toute gestion complaisante  des relations haïtiano-dominicaines en mettant de côté les vrais problèmes comme les violations des droits des migrants-es haïtiens-nes en République dominicaine, le non respect du Protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriements et l’absence d’accord bilatéral relatif à la gestion frontalière,  qui sont une pomme de discorde pour les deux pays partageant l’île.  Il recommande vivement au gouvernement haïtien  à : 

  1. Exiger des autorités dominicaines une enquête non partisane pour identifier et punir les auteurs, co-auteurs et complices des crimes commis à l’encontre des migrants-es haïtiens vivant en territoire dominicain;
  2. Exiger des autorités dominicaines la réalisation des campagnes de sensibilisation sur le respect des droits des migrants-es haïtiens;
  3. Exiger de l’Etat Dominicain le respect du Protocole d’Accord sur les mécanismes de rapatriements, signé en décembre 1999 par les autorités des deux pays;
  4. Réorienter les échanges entre Haïti et la République Dominicaine en intégrant des acteurs de la société civile haïtienne;
  5. Mobiliser la communauté internationale afin de forcer l’Etat Dominicain à respecter les conventions internationales relatives aux droits de la personne et des travailleursmigrants;
  6. Procéder à une évaluation rapide du PIDIH afin de corriger les faiblesses soulevées par les ayants droit et les organisations travaillant avec les migrants-;
  7. Négocier une réorientation et une prorogation du PNRE au bénéfice des migrants-es haïtiens;
  8. Elaborer une politique migratoire axée sur une approche de droits humains et de développement;
  9. Mettre en œuvre des politiques publiques de création d’emploi et de relance agricole tout en encadrant toutes les actions favorables à la production nationale;