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Opinión | Por Wooldy Edson Louidor, profesor e investigador del Instituto Pensar de la Pontificia Universidad Javeriana

Bogotá (Colombie), 28 décembre 2021 [AlterPresse] --- Le calvaire des migrantes et migrants haïtiens, plus particulièrement au Mexique, continue de plus belle en cette fin d’année 2021, relève l’agence en ligne AlterPresse.

Du Sud, notamment à Tapachula et autres localités de Chiapas et de Tabasco, au Nord (en particulier, à Monterrey, Tijuana, Mexicali), le Mexique devient une espèce d’entonnoir pour la migration haïtienne. Le pays aztèque reçoit les migrantes et migrants, qui viennent par milliers de l’Amérique du Sud, notamment du Brésil et du Chili, alors que les possibilités réelles pour ces Haïtiennes et Haïtiens d’arriver aux États-Unis d’Amérique se rétrécirent de plus en plus, en raison des mesures de durcissement migratoire nouvellement mises en œuvre par l’administration du président démocrate Joseph Robinette (dit Joe Biden) Biden Jr., dont les protocoles de protection des migrants (Migrants protection protocols / Mpp, pour son sigle en Anglais) et le « Titre 42 ».

Le désespoir pousse de plus en plus les Haïtiennes et Haïtiens à entreprendre, dans des villes mexicaines, des actions jugées trop radicales par des Mexicaines et Mexicains, dont le blocage des routes, pour exiger des autorités mexicaines une réponse à leur situation infernale.

L’agence en ligne AlterPresse vous propose une rétrospective sur une année 2021, difficile pour les migrantes et migrants haïtiens à travers le continent, où peut-être le seul « acquis positif » pour cette migration aurait été une plus grande visibilisation médiatique, par-delà les narratifs axés sur l’humanitaire et la sécurité.

Entonnoir mexicain

Totalement pris au dépourvu, le Mexique s’est converti en un entonnoir pour la migration haïtienne, en particulier. Depuis juin 2019, quand le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a reçu de son homologue Donald Trump l’ordre de contrôler davantage sa frontière, au Sud, en vue de freiner les flux migratoires provenant de l’Amérique Centrale, le Mexique a tout tenté, à sa frontière commune avec le Guatemala, pour éviter l’arrivée des caravanes aux États-Unis d’Amérique : répressions, militarisation, détention administrative, harcèlements et agressions, voire sexuelles, à l’encontre des migrantes et migrants venant du Sud, dont des Centraméricaines et Centraméricains, des Haïtiennes et Haïtiens, des Cubaines et Cubains, des Vénézuéliennes et Vénézuéliens et aussi des Africaines et Africains, entre autres.

Ces répertoires de violences gratuites n’ont fait tout simplement que compliquer les conditions de vie de ces migrantes et migrants, surtout dans la localité de Tapachula et d’autres contrées situées à la frontière Sud du Mexique. Malgré ces difficultés, les caravanes ont pu avancer et continuer leur chemin jusqu’à la frontière Nord avec les États-Unis d’Amérique.

L’année 2021 a été particulièrement difficile pour les Haïtiennes et Haïtiens, à tel point que le désespoir les a poussés, début décembre 2021, à bloquer les grandes artères et autres voies publiques à Tapachula, empêchant ainsi la circulation automobilistique, dans une zone frontalière très fréquentée, et menaçant même de maintenir ce blocage, si les autorités mexicaines ne leur permettent pas de poursuivre leur route [1] . Face à cette perturbation de l’ordre public, le gouvernement mexicain a cédé, en mettant à disposition des autobus, qui les ont conduits à d’autres villes situées à l’intérieur du pays.

Cependant, à la frontière Nord du Mexique, les Haïtiennes et Haïtiens y sont bloqués, ne pouvant plus entrer aux États-Unis d’Amérique, en raison notamment de la nouvelle mise en œuvre de la mesure appelée Protocoles de protection des migrants (Mpp, pour son sigle en Anglais) [2] . Cette mesure oblige le Mexique à prendre en charge les demandeuses et demandeurs d’asile, durant le processus de détermination, par l’administration étasunienne, de leur éligibilité au statut de réfugié.

D’autre part, les Haïtiennes et Haïtiens continuent de faire l’objet de déportations vers leur pays d’origine, en raison du « Titre 42 », qui permet ces expulsions depuis les États-Unis.

Par peur d’être rapatriés ou de subir des agressions violentes, de la part des garde-frontières étasuniens, comme cela a été le cas à la mi-septembre 2021, près de El Río Grande au Texas [3] , de plus en plus d’Haïtiennes et d’Haïtiens décident de rester au Mexique (au moins, pour un certain temps) et, en fait, entament la procédure d’asile par devant les autorités mexicaines. Le même scénario, qui a eu lieu à Tapachula, se répète dans des villes du Nord du Mexique, par exemple, à Monterrey, où des Haïtiennes et Haïtiens viennent d’organiser des manifestations, pour exiger des autorités migratoires mexicaines une réponse à leurs demandes de visa humanitaire et de statut de réfugié [4] .

Selon les chercheurs universitaires du Collège de la frontière Nord (Colegio de la Frontera Norte / Colef, pour son sigle en Espagnol), les Haïtiennes et Haïtiens tendent, de plus en plus, à s’installer dans des villes situées à la frontière Nord mexicaine, dont Monterrey et Mexicali, où leur main d’œuvre, bon marché, est sollicitée. En outre, la vie à Tijuana, principale ville de la frontière Nord du Mexique avec les États-Unis, est devenue de plus en plus difficile pour les Haïtiennes et Haïtiens, qui vivent entassés dans des abris temporaires, improvisés par des autorités mexicaines de Baja California et dans des conditions très précaires [5] ; donc, ils cherchent activement des alternatives.

Selon Wilner Metelus, président du Comité civique pour la défense des naturalisés et des afro-mexicains (Comité Ciudadano en defensa de los Naturalizados y Afromexicanos / Ccdnam en Espagnol,), des Haïtiennes et Haïtiens arrivent tous les jours à Mexicali et à Tijuana [6] . Cet activiste mexicain, d’origine haïtienne, prévoit qu’au début de la nouvelle année 2022, le nombre d’Haïtiennes et Haïtiens à Baja California pourrait s’élever à plus de 37 mille et provoquerait un plus grand chaos dans cette région.

À noter que l’administration de Joe Biden a recouru au « Mpp » et au « Titre 44 », que son antécesseur républicain Donald Trump avait échafaudés pour contenir les flux migratoires ; et ce, en dépit de nombreuses critiques que des organisations de droits humains, dont Amnesty International [7], et des organismes appartenant à l’église catholique, apostolique et romaine, tant mexicains qu’étasuniens [8], ont formulées contre ces deux mesures anti-immigrantes, qui violent, de manière flagrante, le droit international, en particulier le droit à l’asile, sous prétexte de la lutte contre la pandémie du Covid-19 (le nouveau coronavirus).

La visibilisation médiatique, un « acquis positif » pour la migration haïtienne en 2021 ?

Au cours de l’année 2021, la migration haïtienne dans le continent américain a atteint une visibilisation sans précédent.

Quelles sont les raisons et les effets de cette soudaine mise sous les projecteurs, qui pourrait être considérée comme un « acquis positif » pour la migration haïtienne ?

Transcendant les articles de recherche et autres publications académiques, circulant dans le milieu universitaire restreint, outre les rapports techniques élaborés par des organisations non gouvernementales et les communiqués laconiques émis par des organismes internationaux, dont les agences onusiennes, la migration haïtienne a fait l’objet, en 2021, tant d’une grande couverture médiatique au niveau national, régional (latino-américain) et international, que d’une attention très soutenue de la part des organismes interétatiques de droits humains. Ceci n’est pas une mince affaire, tenant compte de l’invisibilité, dont cette migration, en particulier celle ayant eu lieu après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, a été victime, en dépit de la grande vulnérabilité à laquelle les migrantes et migrants haïtiens ont été exposés à travers le continent.

Donc, il s’agirait d’un acquis positif pour la migration haïtienne post-séisme. Mais, cette visibilisation médiatique a-t-elle pu aller par-delà les narratifs axés sur l’humanitaire et la sécurité ?

Les narratifs axés sur l’humanitaire et le sécuritaire

La couverture médiatique, assurée au cours de l’année 2021, non seulement par des médias locaux et nationaux, mais aussi par des mass médias internationaux, a permis de voir les migrantes et migrants haïtiens dans toute leur hétérogénéité : des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes, des professionnelles et professionnels, voire des familles entières. Des portraits ont été dressés, de même que certaines trajectoires, au cours du périple, ont été retracées et des reportages spécialisés sur les femmes et les enfants réalisés. La migration haïtienne a occupé une place de choix dans des mass médias de grande envergure, dont New York Times, BBC, Deutsche Welle, pour ne citer que ces exemples.

Auparavant, pratiquement depuis le 12 janvier 2010, la très faible couverture médiatique sur la migration haïtienne, surtout en Amérique du Sud, constituait une espèce de boîte noire, qui, de manière trop générale et sans nuances, représentait les migrantes et migrants haïtiens, grosso modo comme des personnes ayant besoin d’aide humanitaire et de la régularisation de leur situation migratoire, pour pouvoir travailler et subvenir à leurs nécessités de base et à celles de leurs parents restés en Haïti.

Cette représentation foncièrement « humanitaire » se limitait, en plus, à deux pays de destination sud-américains, le Brésil et le Chili ; une fois que la Guyane Française a été écartée comme lieu d’arrivée, suite à la décision de la France de fermer la frontière de son Département d’outre-mer (Dom) avec le Brésil, en septembre 2010.

En outre, l’accent était surtout mis sur les réseaux de trafiquants de migrantes et migrants, qui fonctionnaient depuis Haïti et se prolongeaient dans tous les pays de transit, dont la République Dominicaine, l’Équateur, le Pérou, la Bolivie, la Colombie et d’autre pays sud-américains. Ces narratifs « sécuritaires » se caractérisaient surtout par la description de l’action délinquante de ces réseaux et les conséquences négatives pour les migrantes et migrants, en particulier les femmes et les enfants.

À l’exception du Brésil, qui a donné une réponse définitive à cette migration, en régularisant ces migrantes et migrants, à partir de 2012, et en donnant aux Haïtiennes et Haïtiens la possibilité de se procurer des visas depuis Port-au-Prince, les autres pays sud-américains ont préféré durcir leur politique migratoire, en contrôlant et fermant leurs frontières, en rendant plus difficile l’entrée sur leur territoire (exigence de visas, par exemple) et surtout en restant indifférents aux besoins d’assistance et de protection, auxquels sont confrontés ces migrantes et migrants dans des zones difficiles d’accès.

Ce durcissement et cette indifférence ont provoqué et intensifié des crises humanitaires, ayant jalonné les trajectoires de ces migrantes et migrants livrés aux trafiquants dans la géographie sud-américaine. Pourtant, l’information sur ces crises était surtout assurée par des moyens de communication locaux (dans plusieurs cas, des radios communautaires), des églises, des organisations locales ou appartenant à l’église catholique, apostolique et romaine, par exemple, le Service Jésuite aux Réfugiés (Jesuit Refugee Service / Jrs, pour son sigle en Anglais) ou les bureaux de Caritas, dont le travail a trouvé un écho médiatique plus ou moins significatif. Grâce à cet effort louable, les premières crises migratoires haïtiennes, en 2010 et 2011, dans des endroits très éloignés, dont l’Amazone à Tabatinga, frontière brésilienne avec la Colombie et le Pérou, et Madre de Dios, frontière péruvienne avec le Brésil et la Bolivie, ont été rendues plus ou moins visibles.

Il a fallu attendre jusqu’en 2017, quand l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et l’Institut de politiques publiques en droits humains de Mercosur (Ippdh) publieront un diagnostic sur la migration haïtienne en Amérique du Sud, focalisé sur trois des principales villes de destination sud-américaines de ces migrantes et migrants : São Paulo (Brésil), Buenos Aires (Argentine) et Santiago de Chile (Chili) [9]. Pourtant, ce diagnostic est arrivé un peu tard, puisque, depuis fin 2016 et, de manière définitive, à partir de 2017, la migration haïtienne en Amérique du Sud a commencé à changer de direction : du Brésil et du Chili vers les États-Unis d’Amérique.

Une fois achevés la Coupe du monde de Football en 2014 et les Jeux Olympiques d’été en 2016, le Brésil n’avait pas beaucoup à offrir aux 85 mille Haïtiennes et Haïtiennes ayant déjà disposé de visas humanitaires en 2016, selon les chiffres officiels du Ministério da Justiça e Cidadania [10] : beaucoup d’entre eux ont opté pour le rêve américain. En outre, la crise politique, ayant abouti à la destitution de la présidente Dilma Roussef, en août 2016, a précipité le géant sud-américain vers la stagnation économique et, donc, confirmé le bien-fondé de cette option, prise par ces migrantes et migrants.

Ils n’ont pas tardé aussi à abandonner le Chili, l’autre pays de destination sud-américaine. Estimés à 48 mille en 2017 [11] , ces migrantes et migrants prendront la poudre d’escampette en 2018, avec l’arrivée au pouvoir du président considéré anti-immigrant Sebastián Piñera, qui, effectivement, a mis en œuvre un plan (appelé Plan Humanitario de Regreso Ordenado, en Espagnol [12] ), pour déporter les Haïtiennes et Haïtiens en situation irrégulière sur le territoire chilien.

Le début d’une visibilisation plutôt timide en 2017

2017 a marqué un avant et un après dans la migration haïtienne, survenue après le tremblement du 12 janvier 2010. Pour la première fois, dans un rapport publié le 12 janvier 2017, la Colombie a informé de la présence, durant 2016, sur son territoire, notamment à ses frontières communes avec le Panama et l’Équateur, de près de 34 mille étrangères et étrangers, originaires majoritairement d’Haïti (20,366), de Cuba (8,167), de l’Inde (874), du Congo (570) et de Népal (533) [13] .

Si la première vague de la « migration haïtienne post-séisme » n’a pas tellement attiré l’attention des grands médias, cette deuxième vague gagnera de plus en plus de visibilité, pour plusieurs raisons.

Au pouvoir le 20 janvier 2017 aux États-Unis, Donald Trump a décidé de durcir la politique migratoire de ce pays, où les Haïtiennes et Haïtiens et les autres migrantes et migrants caribéens, centraméricains et extracontinentaux projettent d’arriver. Cette décision a poussé les pays centraméricains, dont le Guatemala, le Honduras, le Costa Rica et le Panama, à fermer leurs frontières ; ce qui a provoqué, depuis 2017, des crises humanitaires successives à la frontière de la Colombie avec le Panama, notamment dans la Jungle du Darien.

La Colombie, où ces migrantes et migrants sont bloqués, n’a pas cessé de pointer du doigt le Panama et les autres pays, qui l’ont laissé seule pour faire face à ce problème. En conséquence, la Colombie a fait beaucoup de bruit, dans la presse et dans le milieu des organisations multilatérales et des organismes internationaux, sur cet état de fait.

Une autre raison de cette visibilisation médiatique a à voir avec les caravanes de migrantes et migrants, qui, en raison du durcissement migratoire étasunien, ont, depuis 2019, éprouvé de sérieuses difficultés et subi des abus, surtout au Mexique, tant à la frontière Sud avec le Guatemala qu’à la frontière Nord avec les États-Unis. Les caravanes, dans lesquelles les Haïtiennes et Haïtiens ont une présence de plus en plus prépondérante, ont fait l’objet de reportages, de nouvelles, de dépêches, entre autres, de la part des médias, non seulement nationaux, mais internationaux, en particulier, ceux des États-Unis.

La dernière raison, qui n’en est pas la moindre, est la pandémie du Covid-19 et, surtout, « les conséquences de la pandémie de Covid-19 pour les migrantes et migrants », tel que le rapport du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) en a fait état, dans son rapport, publié le 26 octobre 2020, sur la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières [14]. .

La visibilisation en 2021

Par ailleurs, en 2021, les migrantes et migrants haïtiens ont, en pleine pandémie de Covid-19, fait face à de nombreuses crises humanitaires, notamment aux frontières, dont celles de la Colombie, du Panama, du Mexique, des États-Unis d’Amérique et des pays centraméricains. Pendant que cette situation a servi de prétexte à des États et gouvernements, dont les États-Unis d’Amérique, pour durcir leur politique migratoire, elle a aussi permis de mettre l’accent sur la nécessité de protéger le droit à la vie des migrantes et migrants devenus plus vulnérables.

En ce sens, il faudrait reconnaître le rôle plus ou moins actif des agences onusiennes, de l’Oim [15] et des organismes régionaux, dont la Commission interaméricaine de droits humains (Cidh), qui ont continuellement exhorté des États et gouvernements du continent à assurer une plus grande protection des droits humains des migrantes et migrants, dont les plus vulnérables, les Haïtiennes et Haïtiens et les Vénézuéliennes et Vénézuéliens. Ils ont élevé la voix contre les expulsions et, dans le cas plus particulier de la Cidh [16] , passé au peigne fin la situation de ces migrantes et migrants, dans un contexte où il a été difficile de réaliser des visites in situ, en vue de recueillir des témoignages. Ces actions ne se limitent pas à lancer des appels, plus ou moins vagues aux États et gouvernements, à régulariser les migrantes et migrants haïtiens, comme cela a été le cas auparavant, mais à exiger la protection des droits humains de celles-ci et de ceux-ci contre toutes formes d’abus et, surtout, en temps de pandémie.

Donc, en 2021, la situation des migrantes et migrants haïtiens a été rendue visible par des mass medias, qui, dans une certaine mesure, ont tenté d’aller par-delà les narratifs « humanitaires » et « sécuritaires », pour cerner et décrypter la réalité humaine et le vécu de ces personnes, alors que des organismes interétatiques, dont des agences onusiennes et des organismes de l’Organisation des états américains, en particulier, la Cidh, ont adopté une approche, beaucoup plus centrée sur l’exigence de protection des droits humains de ces Haïtiennes et Haïtiens que sur des appels flous aux gouvernements et États du continent.

Reste à voir si cette visibilisation médiatique et ces effets positifs, en termes d’exigence de protection, suffiront, en 2022, à faire face à la vulnérabilité croissante des Haïtiennes et Haïtiens en mouvement, du Sud au Nord du continent, surtout dans les frontières, ou, du moins, à ouvrir l’entonnoir mexicain et à amollir le durcissement étasunien, puisque la saignée haïtienne s’annonce de plus en plus terrible.