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Viols, meurtres, vols, attaques armées, enlèvements continuent d’être commis quotidiennement, sur des populations souvent livrées à elles-mêmes, dans les quartiers défavorisés et marginalisés de Port-au-Prince et au-delà.

Faute de pouvoir accéder à ces zones sous le contrôle des gangs, nous sommes loin de connaître et de mesurer l’ampleur de ces exactions et de ce que vivent réellement les haïtiens au quotidien.

Sur fond de contrôle des territoires, de populations et de ressources, cette violence, souvent instrumentalisée par des acteurs privés à des fins notamment économiques et politiques, s’est propagée à travers la métropole à un rythme très inquiétant ces derniers mois, contribuant ainsi à un climat de peur généralisée. Quasiment aucun quartier et aucune catégorie sociale n’est épargné et de très nombreux secteurs de la vie économique sont affectés. Cette situation a également un impact sur le mouvement des personnes et des biens, par exemple en relation avec l’accès à la péninsule sud. 

Les incidents d’enlèvements, souvent rapportés par les réseaux sociaux et les médias tant nationaux qu’internationaux, ont connu une progression fulgurante. Selon la police nationale haïtienne, plus de 460 enlèvements ont été rapportés depuis janvier 2021, soit déjà le double par rapport à 2020. Il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. 

Dans l’environnement coercitif des quartiers sous contrôle des bandes criminelles, où la liberté de consentement a disparu au profit d’un régime de terreur, l’esclavage sexuel et le viol sont devenus une arme de contrôle sur les habitants.  Les viols de jeunes filles revenant de l’école ou encore les viols collectifs de femmes enlevées ou attaquées dans les transports en commun se comptent par plusieurs dizaines chaque mois. Si les femmes et filles sont les principales victimes de ces violences sexuelles, les jeunes hommes recrutés par certaines bandes criminelles subissent également des sévices sexuels, comme un rituel d’initiation. 

Du fait de l’activité des gangs, le nombre de personnes tuées et blessées a aussi considérablement augmenté, dépassant de loin les tendances de 2019 et 2020. Personne n’est épargné, des jeunes enfants tués dans la cour de leur habitation à la suite d’échanges de tirs entre bandes rivales aux passagers de bus tués lors de la traversée des quartiers situés au sud de la capitale. Le 1er décembre, l’attaque délibérée et sanglante d’un bus traversant le quartier de Martissant a fait au moins cinq morts et une douzaine de blessés parmi les passagers. Les modes opératoires des éléments des bandes criminelles semblent également évoluer rapidement du fait de l’acquisition illicite d’armes légères de plus en plus sophistiquées. A la fin du mois de novembre, plusieurs personnes marchant dans les rues du quartier de Bel Air ont été tuées en pleine journée par des tirs précis de « snipers » postés sur le toit d’un bâtiment. 

Parallèlement aux atteintes à l’intégrité physique, les bandes criminelles contrôlent des services de base et de l’économie locale. Par exemple, dans certaines zones, leurs éléments gèrent l’accès aux bornes-fontaines et revendent l’eau aux usagers.  Les commerçants locaux sont forcés de payer des taxes aux chefs des bandes criminelles, sur les biens et marchandises vendus, occasionnant une inflation des prix et une aggravation de l’insécurité alimentaire. Les services de l’éducation et de la santé sont aussi fortement affectés par les activités des éléments armés. Ces derniers mois, de nombreux centres de santé ou hôpitaux, tout comme plusieurs écoles, ont dû être fermés ou ne sont que partiellement opérationnels. Les acteurs humanitaires ont également limité leurs interventions en raison des risques sécuritaires encourus par leurs personnels et les défis d’accès. Les conséquences sont dramatiques pour des milliers d’enfants qui n’ont plus accès à l’éducation et pour des malades qui n’ont plus accès à la santé primaire. 

Bien que les autorités aient entrepris des efforts pour lutter contre les violences, depuis le début de l’année, plus de 20,000 personnes ont fui leurs quartiers pour se réfugier dans des camps de fortune, des bâtiments administratifs, des stades, ou encore chez des proches. Malgré les difficultés, les autorités locales et les Nations Unies ont facilité ces derniers mois le relogement d’environ 5,000 d’entre elles vers des zones plus sûres. Cependant, des milliers des ménages restent encore déplacés et vivent, pour leur immense majorité, dans l’appréhension d’être attaqués et de devoir fuir à nouveau.

Dans le cadre de son mandat, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) appuie les autorités nationales dans le domaine des Droits de l’Homme. De plus, le BINUH condamne encore une fois avec véhémence les pratiques de ces bandes criminelles qui se disputent le contrôle de territoires ou se regroupent dans des fédérations pour consolider leur entreprise violente et sanguinaire.

Dans le cadre de leurs obligations en matière de droits de l’homme, le BINUH appelle aussi les autorités nationales à assurer une réponse policière et judiciaire efficace pour neutraliser l’influence de ces gangs et juger leurs leaders, tout en mettant en œuvre la stratégie nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion entérinée en juillet dernier. Le BINUH encourage aussi toutes les forces vives de la Nation, y compris les organisations et les différents groupes de la société civile et du secteur privé, à appuyer les efforts du gouvernement visant à renforcer l’autorité de l’état dans les zones du pays menacées par les différents groupes criminels.

Le BINUH et l’ensemble du système des Nations Unies en Haiti renouvèlent leur engagement à continuer à œuvrer pour la justice, l’égalité, la dignité et les droits de l’homme pour toutes les haïtiennes et tous les haïtiens.

[TRIBUNE !]

https://binuh.unmissions.org/fr/la-violence-au-quotidien-les-ha%C3%AFtiens-face-au-fl%C3%A9au-des-gangs

https://twitter.com/BINUH_UN/status/1468766461393088521?t=tJulzhVs_wlZOowWSPTByg&s=08